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Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/74

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depuis ce temps, voyez-vous, l’on ne m’attrape plus avec des mots ; je regarde au fond, et quand je vois un tas d’imbéciles se laisser insulter, bâtonner, rançonner, voler et tuer par amour de l’ordre, à ce qu’ils disent, je pense qu’avant de louer, comme on fait souvent, l’intelligence de l’espèce humaine, il faudrait attendre un peu.

Après sa condamnation, Julien, quoique désespéré, avait écrit à sa femme, mais celle-ci avait déjà quitté le pays ; la lettre resta chez des voisins insouciants. Une seconde, envoyée de la prison un mois plus tard, eut le même sort, et ce fut seulement après une nouvelle attente que, s’étant adressé enfin au maire de sa commune, Julien apprit le départ et la mort à l’hospice de M… de celle que toujours il nommait sa femme avec un respect douloureux. On lui avait appris en même temps que la nommée Marie-Catherine avait légué la tutelle de ses enfants à une sœur de l’hospice.

Au sein de cette douleur et dans cette inquiétude, il avait fallu pourtant que Julien attendît l’époque fixée pour sa sortie de prison ; il avait fallu de plus qu’à force de travail et de privations, il gagnât l’argent nécessaire au voyage de M… Là, il avait appris le départ de la religieuse avec ses enfants, et on n’avait pu lui donner que le nom du beau-frère de la sœur Sainte-Rose et l’indication assez vague de son emploi ; si bien qu’il avait dû consa-