Page:Leo - Soeur Sainte-Rose.djvu/76

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fort embarrassante. Pour que Céline rougit, et aussi Julien, il suffisait de l’honnête méprise d’un passant. Et puis, dans cet amour commun, que de gênes, que de précautions fâcheuses pourtant imposées. Pis encore, que d’imprudences obligées, commandées par le caprice ou l’innocence des enfants ! Et pourquoi !…

Un jour à Vincennes,

— Mademoiselle Céline, dit Julien, savez-vous ?…

— Quoi donc ?

En demandant cela, elle rougit sans savoir pourquoi. Julien avait l’air tout saisi ; et cela lui serrait le cœur à elle-même.

Il reprit avec effort.

— Voilà bien des jours que je n’ose pas… vous dire… Vous voyez… tout le monde nous croit mariés !

— Ah !… sans doute !… répondit-elle d’une voix altérée, en détournant la tête. Que voulez-vous… que j’y fasse… moi ?…

— Ce que je veux…, dit-il. Vous êtes la mère de mes enfants… Ils sont bien heureux !… Mais moi !… moi je voudrais aussi… du bonheur ; je voudrais… que vous fussiez ma femme… Ah ! mademoiselle Céline, vous ne me répondez pas !… Si je vous ai fâchée, pardonnez-moi !

La jeune fille, en effet, comme si elle n’eût pas entendu, regardait d’un autre côté, vers la pelouse où Petit-Jean, riant aux éclats se roulait en l’appelant. Et pour-