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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/173

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mis à prix, par voie d'affiches, la tête de notre interprète chinois nommé Cheng, celle de notre capitaine, ainsi que celle d'un caporal nommé Babey, qui parlait la langue chinoise. Ce caporal, soit dit en passant, était d'une bravoure et d'un sang-froid admirables. Il avait lui-même découvert et lu ces affiches. Il en riait, et, citant le chiffre : 2 000 piastres, il nous disait : « Je ne me doutais pas que ma tête valait si cher. »

Voici le rapport succinct que l'amiral Courrejolles adressa au ministre de la marine au sujet de l'engagement du 9 octobre.

« Monsieur le Ministre,

« J'ai l'honneur de vous transmettre avec croquis à l'appui le rapport de M. le capitaine Maitret (Marie-Joseph-Ernest), de l'infanterie de marine, sur l'affaire du 9 octobre, afin de vous permettre d apprécier la conduite de cet officier pour lequel je vous demande l'inscription d'office sur le tableau de concours pour la Légion d'honneur au titre des faits de guerre. Je vous demande à l'occasion de la même affaire de vouloir bien approuver la citation à l'ordre du jour pour M. le lieutenant Laurent (Jules-Marius-Nestor) ainsi que pour le clairon Heck (Henri-Eugène), de l'infanterie de marine. Ce dernier ayant reçu deux blessures, dont une très grave, a montré beaucoup d'énergie pendant la marche ; aussi je le propose pour la médaille militaire au titre des faits des guerre. J'ai adressé directement des félicitations aux deux autres blessés, Bourges et Saint-Etienne, que leurs blessures n'empêchaient ni de combattre ni de marcher, ainsi qu'aux caporaux Bruner et Babey (4) et aux soldats qui se sont particulièrement distingués par leur conduite à l'avant-garde.

Signé : COURREJOLLES. »

(4) Babey est aujourd'hui lieutenant dans l'infanterie coloniale.