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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/175

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fréquentes. Les Chinois n’abandonnaient pas l’idée d’enlever notre poste. Ils attaquaient également les commerçants indigènes qui étaient devenus nos voisins. Ils les pillaient sans cependant les tuer, et cela se passait avec une rapidité telle qu’on avait beau envoyer immédiatement une patrouille sur les lieux, elle ne trouvait plus personne, excepté la victime, ligottée et, le plus souvent, lardée de coups de couteau. La situation était devenue vraiment intolérable, et cela, malgré la présence du maréchal Sou qui se promenait à Hoï-Téou et à Fort-Bayard, en distribuant des sourires diplomatiques à chaque soldat qu’il rencontrait. Enfin nous apprîmes avec plaisir que l’amiral envoyait au chef des troupes chinoises un ultimatum, auquel celui-ci répondit qu’il s’en moquait. Comme l’amiral était homme d’action, on pouvait s’attendre à quelque chose. Et en effet, ordre fut donné d’organiser une colonne forte de trois compagnies et quatre pièces d’artillerie de 65 m/m empruntées aux navires de guerre en rade de Fort-Bayard. Le rassemblement de cette colonne, dont faisait également partie le consul français de Pac-Hoï, eut lieu dans la cour de notre poste. Une compagnie fut aussitôt envoyée en reconnaissance sur la droite de Ché-Cam où elle fut attaquée par des réguliers chinois en nombre supérieur. N’ayant pas la mission d’engager un combat, elle se retira jusqu’au pied du mamelon que notre poste dominait et y prit une position d’attente. L’amiral lui envoya de l’artillerie. En même temps, tous les rapatriables et libérables étaient retenus à Quang-Tchéou-Wan jusqu’à nouvel ordre. Des compagnies de débarquement prirent possession des postes que les marsouins abandonnaient pour former la colonne. Jamais notre poste n’avait vu pareil spectacle : matelots, artilleurs et marsouins campés pêle-mêle, au milieu de la petite cour où la circulation devenait presque impossible. On chantait et on fraternisait en criant : Vivent les marins, vivent les marsouins, vive la France ! La satisfaction