Aller au contenu

Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours après, nous touchions à Hong-Kong, ville anglaise bâtie sur le versant d’une montagne, bien fortifiée et très commerçante. Un navire de guerre russe était en rade. A notre approche, sa musique joua la Marseillaise et les matelots poussèrent des hourrahs. Le Friant répondit en tirant des coups de canon. Un grand nombre de navires de guerre étrangers se trouvaient également dans la rade.

En sortant de Hong-Kong, la mer, cette célèbre mer d’Orient que les poètes ont chantée avec tant de lyrisme, était tellement mauvaise que notre bâtiment dansait sur place sans pouvoir avancer. On fut obligé de s’arrêter jusqu’au soir. Le navire, où on avait entassé à refus treize cents soldats, roulait et tanguait tout à la fois ; le service des marins était diabolique. Les passagers pirouettaient avec le navire, et cette sarabande dura jusqu’au 19, à la hauteur de Shanghaï. Le 23, nous débarquions à Takou, où j’eus la curiosité de compter les navires en rade. Ils étaient plus de cent : cuirassés, croiseurs et canonnières. Le soir, cette rade offrait un coup d’œil splendide. Tous ces navires, éclairés à l’électricité et dont les projecteurs fouillaient l’horizon dans tous les sens, formaient réellement un spectacle unique. On eût dit une ville flottante en fête.