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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/196

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CHINE


J’ai déjà publié dans la Revue des troupes coloniales un récit intitulé : Journal de marche d’un soldat colonial en Chine[1], pour lequel M. le ministre de la guerre a bien voulu m’honorer d’une lettre de félicitations. J’y ai indiqué la difficulté qu’on éprouve en campagne à noter, jour par jour, toutes ses impressions. Je ne suis pas le seul qui ait entrepris de retracer un tableau, pris sur le vif, de la vie du soldat colonial ; mais je crois tout au moins être un des rares qui ont eu la bonne fortune de pouvoir achever leur récit. Par suite des fatigues, des privations et des maladies, le soldat en campagne devient parfois très impressionnable ; il s’emporte facilement et le pauvre carnet contenant son journal de marche subit, dès qu’il éprouve quelques difficultés, le contre-coup de son état d’esprit. J’en ai vu qui le piétinaient ; d’autres qui le déchiraient avec colère et le jetaient dans un fossé. Ces accès, dont je pouvais fort bien être victime aussi, m’ont été épargnés ; c’est ainsi que je n’ai jamais cessé, même pendant vingt-quatre heures, de noter les événements journaliers sur mon carnet, en profitant d’une pause ou d’une grande halte, ou encore pendant la nuit à la pauvre lueur d’un bout de chandelle ou d’une petite lampe improvisée.

Dans la narration qui va suivre au sujet de la campagne de Chine, je m’efforcerai de rappeler les principaux faits et de présenter, sous une autre forme et

  1. (1) Publié chez Lavauzelle, 1906.