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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/200

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lui seul possède la clef qui ouvre le ciel et dispense tous les biens et tous les maux. Il est le père et la mère du peuple. Nulle volonté ne peut entrer en compétition avec la sienne. Il est absolu. Ne pas se soumettre à ses moindres désirs est un crime digne du dernier châtiment. Il a droit de vie et de mort sur tous ses sujets. Nul ne détient une parcelle du sol de l’Empire que par sa volonté ; à tous points de vue, ses pouvoirs sont sans limites. Et cependant, l’Empereur est l’homme le moins libre de son Empire. Dans sa propre cour, une cinquantaine de personnages sont chargés de surveiller ses actes de souverain et de lui faire des remontrances quand ils le jugent nécessaire. Un censeur est présent à toutes les délibérations importantes des divers ministères. Enfin l’Empereur est assisté de plusieurs grands conseils composés des grands dignitaires et des notabilités les plus importantes du pays.

La Chine proprement dite est divisée en dix-huit provinces. Chaque province est partagée elle-même en départements de premier et deuxième ordres, en districts et en sous-préfectures. Un vice-roi commande à deux provinces et communique directement avec l’empereur. Chaque province a son gouverneur, chaque département, son préfet ou sous-préfet. Il est à remarquer qu’aucun magistrat ne peut exercer ses fonctions dans la province dont il est originaire. Le magistrat local le plus élevé en grade est investi d’une autorité presque absolue. Il perçoit les impôts selon son bon plaisir et sans aucun contrôle.

L’envoi des troupes internationales en Chine fut décidé sur la demande du corps diplomatique de Pékin dont la vie était menacée. En attendant ces troupes, et comme la gravité de la situation augmentait d’heure en heure, les ministres et consuls étrangers demandèrent aux amiraux, dont les navires stationnaient dans la mer de Chine, d’envoyer d’urgence des détachements de débarquement dans la capitale. C’est ainsi