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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/199

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dire des infirmes, que chacun se montre au doigt. Le but du mariage est de perpétuer le culte des ancêtres et de continuer comme une obligation sacrée la procréation de l’espèce. J’ai pensé souvent que nos ménages de France feraient bien d’adopter cette doctrine ; ce serait le véritable moyen de conjurer le péril jaune et, ce qui menace peut-être plus encore aujourd’hui, le péril européen. Suivant la tradition ancienne, les parents seuls préparent les unions, sans consulter en rien les jeunes gens qu’on destine l’un à l’autre. Ceux-ci se voient pour la première fois le jour où la cérémonie s’accomplit ; d’ailleurs, la suppression du flirtage de quelques semaines en usage chez nous... pour apprendre à s’aimer, ne semble pas nuire à la bonne harmonie et à la convenance des mariages ainsi contractés.

La polygamie n’est pas officiellement permise en Chine, mais la plupart des hommes riches possèdent deux ou trois femmes.

Lorsqu’un homme a atteint quarante ans sans que sa femme lui ait donné un fils, il n’est pas rare que cette dernière lui procure elle-même une femme auxiliaire, car l’idée qui domine toujours l’institution est de perpétuer la famille. On cherche la suppléante dans une honorable famille ouvrière. Dans la situation qui lui est faite, la nouvelle venue n’a ni les mêmes droits, ni les mêmes avantages que la femme légitime. La cérémonie consiste simplement à la transporter dans une chaise d’étoffe bleue au domicile de ses nouveaux maîtres, sans cortège ni musique. A son entrée dans la maison, elle se prosterne devant le maître, la maîtresse, les parents et les personnes âgées. Dans la famille, elle est considérée comme servante ; son maître a sur elle le droit de correction manuelle ; il est vrai qu’à cet égard la femme légitime n’est pas mieux partagée.

L’empereur de Chine est le chef de la religion dans toute l’étendue de l’Empire. Suivant la croyance populaire,