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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/211

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route était infectée de cadavres d’hommes, de bœufs, de porcs, de chiens, etc. On n’y rencontrait pas un seul habitant.

A Tong-Tchéou, c’était encore plus répugnant. Toutes les rues étaient jonchées de cadavres. Dans une mare j'en ai compté trente-deux flottant les uns sur les autres. Aussi, quelle aubaine pour les corbeaux ! C’est par milliers qu’ils s’y étaient donné rendez-vous.

A Palikao, devant le monument érigé en l’honneur des soldats qui y sont morts en 1860, le colonel nous fit rendre les honneurs et prononça un discours émouvant. Le même soir, nous arrivions au mur de Pékin, ce mur fameux que les missionnaires nous disent avoir 84 kilomètres de développement et dont la hauteur varie entre 6 et 8 mètres. La largeur au sommet est telle que dix hommes peuvent y marcher de front. A partir du mur, il fallut faire encore 12 kilomètres pour atteindre la ville dite impériale, où nos cantonnements furent établis.

La ville de Pékin est loin d’être la capitale que l’on s’imagine en Europe. Elle ne ressemble en rien à une cité européenne. Elle est, assure-t-on, la plus étendue et la plus peuplée du monde entier ; quoi qu’il en soit, je n’ai jamais vu de ville aussi sordide. L’accumulation des ordures et immondices de toute sorte prouve que la malpropreté y a toujours régné. La plupart des rues sont très étroites et éclairées par de petites lampes à huile, de sorte que la nuit l’obscurité y est complète. L’ensemble de l’agglomération urbaine se divise en trois parties : la ville tartare, la ville chinoise et la ville impériale. Celle-ci est la plus riche. Là se trouve le palais impérial qui, sur la demande du corps diplomatique, fut complètement respecté. On convint que chaque nation désignerait une délégation pour y faire une entrée solennelle. Cette cérémonie eut lieu le 18 août.

Il est entièrement faux que le pillage de Pékin soit le fait des soldats européens. La plus grande partie