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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/212

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de la ville avait été mise à sac, avant l’entrée des troupes alliées, par les Boxers et les soldats de Tong-Fou-Sian qui s’y étaient livrés à tous les excès pendant deux mois et avaient brûlé des quartiers entiers. Les Européens y sont entrés affamés et manquant de tout ; il est très naturel qu’ils soient allés chercher des vivres dans des maisons non habitées et c’est le fait du hasard que quelques-uns, principalement les Russes, y ont trouvé des objets de valeur échappés au pillage des Boxers. La ville tartare était complètement détruite. Dans la ville impériale, tous les palais furent fermés et gardés par des sentinelles. La légation française fut transformée en ambulance pour nos troupes et les malades y affluaient.

Pendant les premiers jours qui suivirent la prise de Pékin, on fit de nombreuses reconnaissances en ville pour achever d’expulser les Boxers qui y rôdaient encore et menaçaient la sécurité des indigènes paisibles et des militaires isolés. Trois soldats de l’infanterie de marine furent assassinés par eux aux environs de nos cantonnements. Une police très rigoureuse, sous la direction du commandant Brenot, fut organisée pour empêcher le pillage et permettre la reprise du commerce. Les vivres manquaient toujours ; nous ne touchions que la demi-ration de riz, un quart de ration de biscuit et, de temps à autre, un peu de viande de mulet. Jamais ni pain ni vin. A Pékin, la disette battait son plein, tout le commerce était arrêté. On ne pouvait absolument rien acheter ; nous ne recevions pas de solde et tout le monde était rigoureusement consigné aux cantonnements. Autour de moi, c’était une complainte que je connaissais de longue date ! Mais j’étais loin de m’en émouvoir, car il y avait beau temps que j’avais fait mes débuts. Je plaisantais de bon cœur ceux dont la mine était déconfite ; puis, je les encourageais et ils finissaient par rire de notre misère commune.

Les plus beaux hommes des troupes internationales