Aller au contenu

Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

civilisé, cacher sa pensée ou l'envelopper dans une phrase à double sens (exemple : Li-Hung-Tchang).

La femme chinoise, à l'inverse de la femme annamite, ne fait pas de travaux pénibles. Elle est très soigneuse de sa personne et aime à se maquiller outre mesure, comme certaines actrices sur la scène. Les femmes chinoises du nord sont généralement plus jolies et mieux faites que celles du sud. Elles apportent un soin jaloux à leurs pieds, pour les rendre aussi minuscules que possible. A cet effet, elles les enveloppent de chiffons en les serrant fortement, et arrivent ainsi à en diminuer beaucoup les proportions. Certaines les ont tellement petits qu'elles ne peuvent marcher qu'avec peine. Mais plus la femme a les pieds petits, plus elle trouve facilement un époux. La dimension des extrémités de la future est une préoccupation de règle pour toute famille respectueuse des traditions qui marie un fils. La femme du nord est plus paresseuse que celle du sud, mais plus propre dans son ménage. Toutefois, les enfants sont, un peu partout, assez négligés.

La femme chinoise est sensible et... caressante. A rencontre de ce que j'avais entendu dire en Europe, lorsqu'elle veut prouver son affection à l'homme, elle l'embrasse sur les lèvres et se suspend à son cou en lui faisant un collier de ses bras ; elle a pour cela, et pour d'autres choses encore, tous les raffinements de la femme des pays civilisés. En Chine le nombre des femmes est partout de beaucoup inférieur à celui des hommes.

Chaque fois qu'un étranger entre dans la maison d'un Chinois, on lui offre invariablement une tasse de thé sans sucre ; cette politesse est aussi obligatoire que celle d'offrir une chaise en Europe. Refuser le thé, ou du moins ne pas le goûter, serait froisser la personne qu'on visite. Quand un Chinois invite quelqu'un chez lui, il est aux petits soins et met à la disposition de son hôte toute sa maison et tous ses serviteurs (excepté ceux du sexe féminin).