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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/34

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du café et nous nous engageâmes sur la route conduisant au Lazaret en passant par la ville. — Que penses-tu de l'individu et de son langage ? Demandai-je à Crista. — C'est un langage de raison, me dit-il ; il sent la franchise et la sincérité. Les Arabes de ce calibre sont plutôt rares. Les Français d'Algérie ayant une responsabilité administrative feraient bien de les consulter de temps à autre ; ils verraient quelle confiance il faut placer dans la fidélité de ce peuple.

La ville de Saïda doit avoir de trois à quatre mille habitants. C'est un mélange d'Arabes, d'Espagnols et de Juifs : la majeure partie des Européens est formée d'Espagnols, comme dans toute la province d'Oran. Les Français y sont en très petit nombre, mais il est à remarquer que presque tous les Espagnols parlent le français. Ce sont eux qui détiennent la culture ; les Juifs monopolisent le commerce ; quant aux Arabes, excepté quelques tenanciers de café, ils ont... les douceurs du farniente. La ville est propre. Une grande foire de chevaux, chameaux, ânes et moutons s'y tient assez souvent. Saïda et Sidi-Bel-Abbès sont les deux villes les plus importantes du Sud-Oranais. En sortant de Saïda sur la route de Géryville qui conduit dans le sud, et en dépassant Aïn-el-Hadjar qui se trouve à 13 kilomètre de Saïda, on peut dire adieu à la belle partie de l'Algérie. Tantôt le sable, tantôt les cailloux remplacent la culture. C'est là que commence l'apprentissage de la vie dure et pénible du légionnaire, il fait vite connaissance avec toutes les incommodités : coucher sur la dure, souffrir de la soif, marcher sous le soleil dardant et sur le sable brûlant, chercher du bois pour faire la cuisine et ne trouver que des cailloux, etc...

Dès le lendemain, notre instruction commença sous la direction d'un officier et de gradés expérimentés ; on nous initia au maniement d'armes, au service en campagne, au montage des tentes-abri, au tir. Les résultats obtenus au bout de deux mois furent jugés excellents. A la Légion, d'ailleurs, l'instruction des