Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/131

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un conte, eurent sans doute une action décisive sur les idées littéraires du jeune écrivain. Il renonça à rimer, et il s’attela à la prose. C’est à cette époque qu’il faut faire remonter le premier ouvrage de Zola : les Contes à Ninon. Plusieurs de ces contes avaient été conçus et écrits en Provence. Un ou deux parurent dans des organes régionaux. D’autres, comme Simplice, avaient été publiés à Lille, dans une revue. Le conte commandé par M. Hachette pour le Journal de la Jeunesse était intitulé Sœur des Pauvres. Il ne fut pas imprimé. Il parut trop violent au libraire, un grand bourgeois, timoré, conservateur. Cet échec fit que Zola n’osa pas porter son recueil complet de nouvelles, les Contes à Ninon, —le choix de ce nom indiquait encore l’influence massettiste, —à la maison Hachette. Ce fut à sa concurrente en librairie de vulgarisation, â la maison Hetzel, que l’auteur-employé présenta son volume. M. Hetzel père, l’ancien secrétaire de Lamartine, qui avait, sous le nom de P.-J. Stahl, publié d’intéressantes analyses philosophiques et des pages agréables, indulgent et très modeste, était accueillant, et rebutait rarement les jeunes auteurs. Il venait d’avoir la main heureuse en prenant un volume de voyages fantaisistes intitulé : Cinq semaines en ballon, que lui avait apporté un auteur inconnu, destiné à faire la fortune de sa librairie, en même temps qu’à charmer et à instruire plusieurs générations. C’était le premier ouvrage de la série des Voyages Extraordinaires de Jules Verne, le romancier-héraut des découvertes scientifiques et industrielles prochaines, le précurseur des inventeurs, et le guide anticipé des explorateurs, merveilleux magicien de contes de fées à l’usage