Quant aux autres officiers, si ceux que vous avez dépeints ont pu
exister, ils n’étaient, eux aussi, qu’une exception. Entre le
capitaine Baudoin et le lieutenant Rochas, il y avait place pour
l’officier intelligent, instruit, énergique, tout à fait à la hauteur
de ses fonctions.
Si vous n’avez pas épargné les chefs, avez-vous, comme vous le
prétendez, rendu complètement justice aux soldats ?
Vous affirmez que, dans l’affolement de la défaite, il y a eu des
soldats qui ont jeté leurs armes. Je puis certifier que, dans le
1er corps (corps Ducrot), ce fait ne s’est jamais produit, ni à
Wissembourg, ni à Frœschwiller, ni à Sedan.
Émile Zola répondit au colonel de Ponchalon :
Paris, 18 octobre 1892.
Monsieur,
Permettez-moi de répéter que je n’ai nié ni le sentiment du devoir
ni l’esprit de sacrifice de l’armée de Châlons. Entre le capitaine
Baudoin et le lieutenant Rochas, il y a le colonel de Vineuil.
Après les mauvaises nouvelles de Frœschwiller, des soldats du
7e corps, qui n’avaient pas combattu, ont jeté leurs armes. Je
n’aurais pas affirmé un fait pareil sans l’appuyer sur des documents
certains. Et puis, encore un coup, c’est notre force et notre grandeur
aujourd’hui de tout confesser.
Je vous réponds, Monsieur, parce que vous paraissez croire, comme moi,
à la nécessité bienfaisante de la vérité, et je vous prie d’agréer
l’assurance de mes sentiments distingués.
ÉMILE ZOLA.
Mais la plus précise et la plus énergique défense de l’auteur et du livre,
pour ceux qui ne se donnent pas la peine de lire et qui acceptent et
colportent des jugements tout faits, la plus décisive réfutation des
allégations de ceux qui soutenaient que la Débâcle était une œuvre
anti-patriotique, émane de M. Alfred Duquet. Personne ne contestera la
compétence de l’excellent historien de la guerre
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