Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/389

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de 1870. Il est un des patriotes actifs les plus autorisés. M. Alfred Duquet, quelques jours après la mort de Zola, écrivait ces lignes, que devront méditer tous ceux qui parlent avec ignorance, parti pris et mauvaise foi de la Débâcle : Comment comprendre les imprécations avec lesquelles fut accueilli l’un des meilleurs romans de Zola, la Débâcle ? Comment accepter ces accusations de « traîner l’armée dans la boue », alors qu’il avait peint l’exact tableau de cette fatale époque ? Non, après avoir relu la Débâcle, j’y vois bien peu de tableaux à retoucher, bien peu de jugements à réformer, et j’y trouve des descriptions superbes. Dimanche, à l’heure où l’éloquence de M. Chaumié coulait sur le cercueil, pareille à la froide pluie de la veille, je parcourais les lettres de Zola, quand il préparait son roman militaire. Je me rappelais ses arrivées subites à mon cabinet, pour me demander des renseignements, et, surtout, mes stations prolongées rue de Bruxelles, où, penché au-dessus des cartes, je répondais à ses questions stratégiques et tactiques. Eh bien, je dois l’avouer, il ne me parut guidé que par le désir de dire vrai sur les hommes et sur les choses, et je ne pus saisir en lui la moindre haine de l’armée. Il comprenait les questions avec une rapidité surprenante et, toujours, s’arrêtait à la solution juste. Aussi bien, ce livre affreux enseigne que, sans la discipline, on ne saurait vaincre : « Si chaque soldat se met à blâmer ses chefs et à donner son avis, on ne va pas loin pour sûr. » Il flétrit Chouteau le « pervertisseur, le mauvais ouvrier de Montmartre, le peintre en bâtiments, flâneur et noceur, ayant mal digéré les bouts de discours entendus dans les réunions publiques, mêlant des âneries révoltantes aux grands principes d’égalité et de liberté » . Et, encore : « Malheur à qui s’arrête dans l’effort continu des nations, la victoire est à ceux qui marchent à l’avant-garde, aux plus savants, aux plus sains, aux plus forts ! » Et, enfin : « Jean était du vieux sol obstiné, du pays de la raison, du travail et de l’épargne. »