Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/67

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car, au lieu de revenir à Aix, comme elle l’avait espéré, avec de bonnes promesses et peut-être de l’argent, elle résolut de se fixer à Paris et de faire venir son fils et le grand-père. Le jeune Zola reçut une lettre pressante et désolée de sa mère. Elle lui recommandait de vendre les quelques pauvres meubles qui restaient, et de la rejoindre aussitôt à Paris. « Avec l’argent du mobilier, disait la malheureuse femme, tu auras assez pour prendre ton billet de troisième classe et celui de ton grand-père. Dépêche-toi. Je t’attends ! » C’était la misère noire et le naufrage complet. Après avoir dit un adieu, estimé provisoire, à ses chers inséparables, Baille et Cézanne, le jeune Émile et le vieil Aubert montèrent dans le wagon, et arrivèrent à Paris, en février 1858. Émile Zola avait alors 18 ans. Grâce à la protection de M. Labot, avocat au Conseil d’État, ancien ami de François Zola, Émile obtint une bourse. Il fit donc sa seconde et sa rhétorique au lycée Saint-Louis. Nous avons dit qu’il ne fut là qu’un lycéen médiocre. Il obtint, cependant, un 2e prix de narration française. Il était distrait et indifférent, en classe. Rien de ce qu’on y enseignait ne l’intéressait. Mais la littérature, non classique, les auteurs dont on ne parlait jamais en chaire lycéenne, Victor Hugo et Musset principalement, le passionnaient, et accaparaient toute son attention, captaient toute son intelligence. En quittant Aix, il avait été convenu, avec Baille et Cézanne, qu’on se reverrait à Paris. En attendant cette réunion désirée, où l’on revivrait un peu les chères heures provençales, déjà lointaines, mais non effacées, on devait s’écrire, souvent et longuement. Zola ne faillit point à cet engagement. On a, datées de cette époque, de nombreuses lettres de lui à Baille, à Cézanne, et quelques