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Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/98

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fâcheux préjugés que le père d’Antoinette nourrissait contre les étrangers et de la déclaration formelle qu’il avait faite : que jamais il ne permettrait à sa fille d’épouser l’un d’eux.

Ce jour-là la visite du militaire fut encore plus longue que d’habitude, et si, quand il se leva pour partir, un œil curieux avait pu pénétrer dans l’intérieur du salon, il aurait aperçu Sternfield tenant la main de madame d’Aulnay et faisant d’une voix éloquente et avec des yeux suppliants une demande pressante. Pendant longtemps la jeune femme hésita et flotta dans l’indécision ; mais enfin vaincue par ses instances, elle inclina légèrement la tête en signe d’assentiment.

— Merci ! merci ! généreuse et sincère amie, s’écria-t-il chaleureusement ; vous nous sauvez, Antoinette et moi.

— Je n’en suis pas encore tout à fait certaine, car je ne puis faire que très-peu pour vous : tout dépend de votre influence sur ma cousine même. Mais, revenez cette après-dînée, et je vous fournirai l’occasion de poursuivre votre démarche.

Madame d’Aulnay tint parole. Lorsque quelques heures plus tard le major Sternfield revint, — Antoinette et elle étant au salon, — elle donna pour prétexte une lettre qu’elle avait à écrire, et sortit. Chose assez singulière et qui dut frapper la cousine de Lucille, pendant qu’elle était seule avec le militaire aucun des visiteurs qui se présentèrent ne fut admis.