Aller au contenu

Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
BALAOO

eux-mêmes. Ces gémissements, on avait dû les entendre des maisons voisines : en face chez les Bouteiller et aussi chez Mme Godefroy, la receveuse des postes, mais rien n’avait remué de ce côté. La peur, qui régnait en maîtresse à Saint-Martin-des-Bois, n’ouvrait plus aux bruits de la nuit.

On referma la porte du cabaret. Dans le même moment, Mme Roubion, « plus morte que vive », rejoignit son mari et les deux voyageurs. Elle aussi avait entendu des bruits, mais jamais elle n’eût pensé que Roubion aurait l’imprudence de laisser ouvrir la porte. Et elle l’entraîna, le poussant dans l’escalier, à coups de poing, emportant la clef de la porte de la rue pour être sûre qu’on ne rouvrirait point.

Quand il ne les entendit plus, Blondel se tourna du côté de Patrice qui ne savait quelle contenance tenir.

— Mon petit, lui dit-il, vous êtes trop impressionnable, vous ne pourrez plus dormir ici. Moi, ces histoires-là, voyez-vous, ça me fait rire. On découvre comme ça des tas de coïncidences une fois que les choses sont passées et les Vautrin sont capables de tout ! Je les ai vus à l’œuvre aux élections dernières ! Il ne s’agit que de les connaître. S’ils veulent se frotter à moi, qu’ils y viennent ! C’est moi qui vais dormir derrière la porte, à votre place, sur le billard. Je les attends.

Patrice répondit, un peu honteux :

— Nous ferions peut-être mieux de ne pas dormir du tout !

Mais l’autre avait déjà empoigné les couvertures de Patrice et les transportait dans l’office. Et il revint avec ses affaires à lui qu’il jeta sur le billard.

Patrice le laissait faire, pas mécontent du tout de