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Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/71

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BALAOO

Gertrude servait tout le monde en silence… Tout à coup elle se décida à adresser la parole à son maître :

— Monsieur, Zoé est là !

Coriolis daigna descendre de son rêve pour considérer sa vieille servante.

— Ah ! eh bien ! est-ce que tu lui as parlé ?

— Oui. Elle dit qu’elle suivrait Monsieur au bout du monde. Seulement, elle n’a pas encore osé en parler à ses frères.

— Oh ! ses frères ! je m’en charge… On leur graissera la patte… et ils ne seront pas autrement fâchés de voir déménager la petite ; le tout, c’est que ça lui plaise… ; tu lui as dit que c’était pour aller à la ville ?…

— Oui, oui, elle ira où Monsieur voudra. Je l’ai gardée à dîner. Savez-vous ce qu’elle me demande ? Que vous pardonniez à Noël.

— Va ouvrir à Noël ! fit Coriolis, en tendant une clef à Gertrude. Il est au cachot. Je crois que j’ai frappé un peu fort. Mais c’est de sa faute aussi. Il devrait être plus raisonnable, à son âge.

— Oh ! il a bien de la peine quand Monsieur est chagrin. Zoé sera bien contente. Il la fait toujours rire.

Et elle s’en alla avec la clef. Quelques minutes plus tard, on entendait les éclats de rire de Zoé dans la cuisine.

Coriolis regarda Patrice : « Les entends-tu ? C’est Noël qui les amuse, fit-il. Ah ! il n’a pas de rancune. Il ne ferait pas de mal à une mouche !… mais il a besoin d’être battu de temps en temps.

— Vous ne craignez pas qu’il aille se plaindre au garde-champêtre ? demanda Patrice.

À ce moment, on entendit, venant de la cuisine, les cris perçants de Zoé.