Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout dur et tyrannique qu’il soit, qui lui fera faire ce qui n’est point dans sa tête !…

— Je comprends ! fit Titin sur un ton des plus mélancoliques. Mais c’est une chose si inattendue ce mariage, que l’on peut se poser bien des questions !…

À ce moment survinrent deux employés de la « Bella Nissa » ; ils avaient un journal du soir à la main.

— La nouvelle est officielle ! annoncèrent-ils à deux camarades qui les attendaient. Mlle Acagnosc se marie !…

On s’arracha la feuille et quelqu’un lut tout haut :

« Nous avons le plaisir d’annoncer les fiançailles du prince Hippothadée de Transalbanie, un de nos hôtes bien connus, avec Mlle Antoinette Agagnosc, la charmante nièce et pupille de Mme et M. Hyacinthe Supia, directeur de la « Bella Nissa ». Tous les amis de cette vieille et honorable famille se réjouissent d’une union qui fait autant d’honneur au représentant princier d’une nation amie qu’au haut commerce de la Côte d’Azur. »

— Ça, s’écria l’un des employés, c’est du Supia tout pur !…

Titin ne disait plus rien. Il avait jeté un coup d’œil à la dérobée du côté de la salle voisine qui communiquait de plain-pied avec la pièce où il se trouvait avec les Papajeudi… Deux figures nouvelles venaient d’y faire leur apparition. Elles semblaient porter le diable en terre, tant elles étaient peu réjouissantes à regarder. C’étaient certainement des étrangers, s’il fallait accorder quelque foi à leurs costumes de voyage, à leurs cheveux d’un