Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blond filasse. L’aspect nordique de ces individus qui s’étaient assis en silence à une table de côté, d’où l’on pouvait tout apercevoir dans les deux salles, se complétait d’énormes bésicles à garniture d’écaille.

L’un des employés de la « Bella Nissa » ne s’y trompa point.

— Je les reconnais, fit-il, assez haut pour être entendu de Titin… Ce sont les deux inspecteurs de la Sûreté qui l’ont échappé belle chez nous !

— On les croyait repartis pour Paris !… fit l’un des deux autres employés.

— Le bruit a couru qu’ils avaient disparu, fit à voix basse un autre client… Je sais qu’on les a recherchés partout… Ici, la police était sur les dents !… Et, naturellement, on accusait encore Hardigras !… C’est cependant lui qui les a sauvés !…

Tout le monde regardait Titin. Celui-ci se leva, régla sa dépense, enfonça son feutre sur sa tête d’un coup de poing. Il paraissait de fort méchante humeur.

— Tu t’en vas, Titin ? demanda Papajeudi, étonné…

— Oui !… je f… le camp !… j’en ai assez de vous entendre parler de votre Hardigras !… Christo !… pour qu’il n’en soit plus question !… et que vous ne m’en rabattiez plus les oreilles, je vais l’arrêter de ma propre main. Et je l’amènerai avant qu’il soit longtemps à MM. Souques et Ordinal !… si c’est lui qu’ils recherchent !…

Là-dessus, il passa raide comme la justice au milieu des tables, bouscula un peu en pas-