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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/111

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— Paraît que tu te maries ?…

— Ah ! On t’a déjà dit cela ? J’allais justement te l’apprendre.

— Inutile ! C’était dans le journal du soir.

— On dirait que cela te fait un drôle d’effet !

— Moi ! Mais non, Toinetta. Il fallait bien que tu te maries un jour ou l’autre, n’est-ce pas ?

— Si ! Si ! Tu as à me dire quelque chose… Eh bien, dis !… Je t’écoute.

Mais Titin se taisait… Elle finit par s’impatienter :

— Vas-tu parler, vilain Titin !

Enfin, il posa la grave question :

— Est-ce que… Est-ce que tu l’aimes ?

— Moi ! Je ne l’aime ni ne le déteste ! Je le connais à peine.

— Et lui ? demanda encore Titin en tremblant.

— Quoi, lui ?

— Lui, est-ce qu’il t’aime ?…

— Et toi ?

— Quoi, moi ?…

— Oui, tu me poses une question, je t’en pose une autre… Est-ce que tu m’aimes ?

— Il ne s’agit pas de moi, répondit en balbutiant Titin… Tu sais bien que, moi, je t’aime depuis que tu es au monde !

— C’est tout ?…

— Dame ! soupira Titin.

— C’est pas beaucoup !… conclut-elle en riant nerveusement.

— Je ne pouvais pas t’aimer avant !, répondit bêtement Titin.