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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/119

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Il ne restait plus que Titin ronflant ! M. Supia, à ce spectacle, poussa des cris où s’exprimait un désespoir définitif. En même temps, il secouait Titin comme un enragé.

Mais celui-ci ronflait toujours… Ils furent cinq à le secouer, il n’ouvrait pas les yeux et ne semblait nullement gêné dans son prodigieux repos par toute cette bousculade, si bien qu’on dut prendre le parti de le transporter dans une mansarde attenant à l’appartement de M. Supia.

On le jeta sur un lit. Il cessa de ronfler. Mais, hélas, ne se réveilla pas ! Seulement, il sourit. Selon toute probabilité, bien que sa face réjouie fût tournée du côté de M. Supia, ce n’était pas à M. Supia qu’il souriait, il souriait aux anges, le bon Titin ! Il souriait surtout à cette merveille tombée du paradis, à sa Toinetta !

Furieux de ce sourire qui semblait le narguer. M. Supia se précipita à nouveau sur lui. Alors Titin se reprit à ronfler !…

À onze heures, il n’était pas réveillé !… À midi !… À deux heures, il dormait toujours !

Sur les conseils d’Antoinette, qui, d’abord, s’était égayée de l’aventure, puis qui s’était affolée et qu’on avait la plus grande peine à retenir maintenant dans l’appartement, on fit venir un médecin, lequel examina longuement Titin et déclara que l’on avait dû faire prendre à ce garçon un puissant narcotique.

— Où a-t-il pris son dernier repas ? demanda-t-il.

— Eh docteur !… C’est moi-même qui lui ai préparé son souper, déclara M. Supia.