Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

homme à les étrangler. Il finit par passer outre en faisant signe à « Sa Majesté » de l’accompagner jusque chez lui.

Tous deux prirent l’ascenseur et s’arrêtèrent au cinquième, où M. le Directeur avait son appartement.

Il faillit passer sur le corps de la domestique épouvantée qui vint lui ouvrir et ils s’enfermèrent aussitôt dans son cabinet particulier. La conférence dura plus d’une heure et elle ne se passa point sans éclats. Enfin « Sa Majesté » s’en alla et M. Hyacinthe resta seul. Le déjeuner était brûlé depuis longtemps. La consternation régnait de la cuisine à la salle à manger. Enfin quelqu’un osa frapper à la porte et comme on ne répondait pas, cette porte, timidement, s’ouvrit et une radieuse enfant vint éclairer de la présence de ses dix-sept printemps cet intérieur maussade.

— Bonjour, parrain ! fit la petite sans élan, comment allez-vous, ce matin ?

— Mal, répondit-il sans aucune grâce.

— Ma tante et ma cousine vous attendent pour déjeuner.

— Qu’elles déjeunent sans moi… et qu’on me laisse tranquille !… Tu entends, Antoinette ?…

— Oui, parrain.

Et elle referma la porte… mais elle la rouvrit presque aussitôt.

— Parrain, reprit-elle avec une candeur qui paraissait trop naturelle pour ne pas être affectée : est-ce que ce serait encore ce méchant Hardigras qui vous met dans des états pareils ?…