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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/16

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— « Christo !… » Antoinette !… Tu te f… de moi !

Et il marcha sur la petite avec un tel air de menace que celle-ci lui colla la porte sur le nez.

Il s’en croyait débarrassé quand la porte se rouvrit une fois de plus !… C’était toujours la petite :

— Je vais vous dire, parrain, c’est que j’avais : une idée…

— Une idée pour quoi ? gronda l’autre quasi maté par une pareille obstination.

— Pour arrêter Hardigras !…

— Eh bien ! garde-la pour toi !… clama Supia… et surtout que je ne te revoie plus !… ou sans ça…

— Bien ! bien ! parrain, on y va !…

Et elle s’enfuit définitivement sans demander son reste.

Sa femme et sa fille n’osèrent l’aborder de la journée. Vers les cinq heures, Sébastien Morelli revint lui annoncer qu’il avait fait le nécessaire pour que le nouveau service de surveillance nocturne fût prêt le soir même, mais M. Supia lui déclara qu’il n’avait besoin de personne pour cette nuit-là, qu’il ne voulait voir âme qui vive dans les magasins après la clôture et qu’il donnait congé même aux pompiers.

« Sa Majesté », qui n’était point très intelligente, se retira sans comprendre, il était pourtant facile de deviner que « le boïa » avait résolu de se rendre compte par lui-même de ce qui se passait, la nuit, dans sa maison. Il ne voulait pas faire appel à la police dont l’intervention s’accompagne le plus souvent d’une publicité regrettable. Il arrêterait lui-même