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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/230

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elle n’allait pas sans liesse ni amusements qu’inventait le Bastardon pour récompenser les modèles. Il avait demandé à ceux-ci de venir avec tous les costumes de la vieille Fourca, ceux que les grands-parents conservaient dans leurs armoires.

Les hommes arrivaient avec leur veste courte. Les pantalons étaient de toile ménage rayée bleu. Les gars portaient tous des chemises de toile et des souliers bas avec courroies de cuir. Les femmes avaient le corset « bombé », auquel était cousu un bourrelet de cinq à dix centimètres de long où elles accrochaient leurs jupes.

Une croix d’or pendait sur la poitrine par un ruban de velours noir. Les cheveux étaient emprisonnés dans des crépines ou filets appelés « scoffia » dont l’extrémité inférieure relevée sur la tête et fixée par des épingles se terminait par de petits glands qui pendaient par derrière. Par-dessus la coiffe que les vieilles portaient noire mais que la jeunesse faisait teindre en rouge ou en jaune, elles plaçaient un petit fichu blanc liséré et bordé en dentelle, nommé « kaïreau » dont les longs bouts passaient sous le menton et étaient noués sur la tête.

Mais pour que tout ce joli et charmant passé fût bien vivant aux yeux de Titin, il tenait absolument non point à ce que l’on posât en groupes savants comme on l’enseigne à l’école, mais à ce que l’on s’amusât pour de bon à danser, manger et boire ! Il avait loué des violons et fait garnir les tables de victuailles, pâtés, fiasques et flacons, de quoi réjouir la