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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/237

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mais ze n’ignore rien de votre belle histoire, croyez-le bien !…

— Je vois qu’avant de venir me trouver vous avez pris, vous aussi, vos renseignements.

— Il le fallait, monseigneur… monsieur Titin !… C’était la volonté de Son Altesse !…

— Il y a donc quelque temps que vous êtes dans le pays ?

— Ze souis arrivé à Nice, il y a oune quinzaine de zours, et tout ce que z’ai pou apprendre, tout ce que z’ai écrit à Son Altesse m’a rempli le cœur d’oune indicible bonhour !… On ne parle que dé vous dans tout le pays. Tout lé monde vous admire ; et tout lé mondé vous craint ! ce qui est le comble parfait de la vraie politique !… Vous êtes oune grand politique et vous êtes aussi oune grand artiste, monsiou Titin… On m’a dit : « Allez voir ce qu’il fait sur la muraille de la mairie, on n’a zamais fait quelque chose d’aussi beau, assurément, depouis les anciens ! »

— Et maintenant que vous avez vu ce que j’ai fait, quel est votre avis, Odon Odonovitch ?

— C’est magnifique, monsiou Titin !

Et ce disant, le comte s’était levé et faisait de grands mouvements devant les imageries de Titin comme s’il était consterné d’admiration. Titin, d’un geste sec, lui rabaissa les bras :

— Comte, je vous parle sérieusement, dites-moi donc, en ami, ça vous plaît, tout ça ?

— En ami ? répéta le comte assez embarrassé devant le regard de Titin qui le fouillait.

— Oui en ami… Avouez donc que tout cela vous paraît horrible !