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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/238

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— Oh ! horrible !… monseigneur ! comment pouvez-vous dire ?

— Enfin ! Parlez ! Je le veux ! Dites la vérité au fils de votre roi.

— Ah ! quel homme vous faites. Eh bien, oui, monsiou Titin, je trouve cela affreux, mais ze ne m’y connais pas, ajouta-t-il aussitôt, épouvanté de sa sincérité.

— Allons donc, fit Titin. J’aime mieux ça que votre eau bénite de cour. Si vous voulez, devenir mon ami, il faut toujours me dire la vérité…

— Assurémené, assurémené. La vérité, c’est ce qu’il manque le plous aux grands princes dé la terre.

— C’est « estraordinaire ! » fit Titin, tantôt vous avez l’accent slave, tantôt je vous trouve l’accent espagnol.

— C’est que mon père il était slave, en vérité, mais ma mère, elle était espagnole ! ouné magnifique espagnole… Mon père l’avait connoue à Las Palmas. Ils se sont plous et ils se sont épousés après la saisone ! Ma mère m’a donné ses yeux noirs magnifiques et mon père sa fortune qui était magnifique aussi.

— Vous êtes riche, comte ?

— Ze l’ai été, mais maintenant zé souis rouiné…

— Par la politique ?

— Oui ! prince, en vérité, par la politique qui exige des dépenses… des dépenses excessives. Il faut « représenter » n’est-ce pas ? Eh bien… Ze représente trop !… Ze ne calcoule pas, c’est terrible ! Il y a des moments où ze ne sais plous comment faire pour ne pas payer mon valet de chambre.