Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

retrouvé ce matin M. le chef du personnel, vautré sur un lit de dominos tango, dans un bien triste état !… Les dominos sont perdus, monsieur le directeur !… Quant à M. le chef du personnel, il était ivre-mort !…

M. le directeur n’en pouvait croire ses oreilles. Hébété, se refusant à comprendre, il se fit répéter plusieurs fois l’incroyable nouvelle.

M. Sébastien Morelli devait la haute situation qu’il occupait dans les magasins de la « Bella Nissa » moins à son intelligence qu’à des mœurs irréprochables, à une sobriété parfaite, Sébastien Morelli avait été trouvé ivre-mort !…

— Et il n’était pas le seul !… ajouta l’employé supérieur.

— Pas le seul !… Avec qui donc, monsieur le directeur.

— Tout le service de nuit !… Christo ! que s’est-il donc passé ?

— On ne sait pas au juste, M. le directeur…

— Mais, c’est inimaginable !… s’écria M. Hyacinthe qui, pour la première fois de sa vie était devenu rouge et « frisait » l’apoplexie. Enfin ! vous, vous qui les avez vus, vous avez bien une idée !

— Mon Dieu, oui, monsieur le directeur, mais je ne sais si je dois…

— Dites !… je vous l’ordonne !…

— Eh bien, voilà… ce Hardigras a pris une telle importance…

— Quelle importance ?… Où ?… chez qui ?… dans le cerveau des imbéciles !…

— Justement, monsieur le directeur, c’est