Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais Titin ne broncha pas.

Ce jour-là et les jours suivants se passèrent en commandes de toutes sortes : l’appartement du palace était assiégé par les tailleurs, les bottiers, les chemisiers, les bijoutiers ! Odon Odonovitch ne trouvait rien trop beau pour son cher prince.

Quant à Titin, la lettre du prince Marie dans sa poche, il laissait faire, puisque telle était la volonté de son païre et aussi il avait cette arrière-pensée bien légitime, c’est que lorsqu’on saurait que Titin n’était plus un enfant perdu, Supia ne s’opposerait plus au mariage de sa filleule avec l’enfant de Carnevale.

La seule pensée que Toinetta pourrait être bientôt sa femme lui faisait bénir le jour où il s’était résolu à écrire cette lettre à son troisième païre, après avoir renoncé à tuer les deux autres !

De la Fourca à Nice et jusqu’aux premiers contreforts de l’Estérel on ne parlait que de la bonne fortune survenue à Titin. En d’autres temps, elle eût pu sembler excessive et tenir du domaine des contes de fées, mais depuis la guerre, les grands quotidiens sont pleins tous les jours de telles histoires où l’on voit se mouvoir dans le cadre des palaces et de la haute noce cosmopolite des messieurs archi millionnaires qui, quelques années auparavant, vendaient de la camelote sur les trottoirs, où de belles milliardaires débarquent tout exprès d’Amérique pour offrir leur main et les colliers de perles qu’elles n’ont pas encore perdus à de gracieux jeunes hommes qui n’avaient pour toute fortune que leur smo-