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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/256

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reçou oune missiou, ouné missiou sacrée. C’est avec cet arzent que z’ai acheté le droit au bail et le mobilier qui garnissait l’appartement de monseigneur.

— Mais vous l’avez acheté au cercle, ce mobilier, m’avez-vous dit ? Vous étiez donc retourné au cercle ?

— Oui, monseigneur ! Touzours avec cette idée de refaire l’arzent de la patrie… mais zé n’oubliais pas non plus ma mission d’installer monseigneur et de lui donner la sommé dé cinquante mille francs !… Que pouvais-je faire avec trente-cinq mille francs ? Zé vous lé demande ! Je mé souis donc mis à zouer ! Et j’ai eu une çance ! Zé refais cent soixante-quinze mille francs !…

— Fan d’un amuletta ! Il y avait du boni !

— Oui, monseigneur, z’avais toutes les veines ce soir-là ! À côté dé moi donc se trouvait un zentilhomme qui avait tout perdu et qui me dit : « Vous n’auriez pas besoin d’un appartement et d’un mobilier ? » Zé mé dis : c’est les saints archanges qui me l’envoient. Zé l’arrache à la table de zeu, ze le jette dans une auto, nous visitons l’appartement, j’examine le mobilier : « Tout cela ne vaut pas plus de quarante mille francs… » « Affaire conclue ! » dit-il. Il me signé la pétite affaire et zé lui donne ses quarante mille francs ! Et tout de souite, comme je vous l’ai dit, il les perd ! Et voyez ma veine persistance ce soir-là, monseigneur. Il me restait, tout payé avec mes trente-cinq mille du bizou de famille et mes cent soixante-quinze mille de gain ! Il mé restait maintenant cent soixante-dix mille francs ! Eh bien ! z’ai tout perdu, moi aussi !