Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

zours !… Qu’est-ce que vous risquez ?… Simplement de gagner beaucoup d’arzent, car vous ne pouvez en perdre puisque vous n’en avez pas !…

— Alors, comment veux-tu que je joue, puisque je n’ai pas d’argent ?

— Vous dites que vous n’avez pas d’arzent, et vous avez vos boutons de mancettes ! vos boutons de cemise ! Votre perle de la cravate ! Qu’est-ce que c’est que tout cela, sinon de l’arzent !…

Titin arracha perle, garniture de chemise, la double émeraude de ses jumelles. Il lui dit :

— Va ! je t’attends !

Il était au fond d’un gouffre. Il lui fallait un miracle pour en sortir. Il allait le tenter. Pour, une fois, Odon avait raison ! Qu’eût fait Titin, redevenu Titin, avec ces bijoux ridicules ?

Le comte s’en alla sans un mot. Titin pensait qu’il était capable de ne plus revenir, en quoi il se trompait, car la chance de Titin qui n’avait jamais joué primait tout aux yeux du comte et faisait taire sa propre passion. Cependant le Bastardon ne fit pas un pas pour le suivre. À Dieu vat ! songeait-il.

Un quart d’heure ne s’était pas écoulé que le comte revenait avec huit mille francs. Il lui remit le tout. Titin entra au casino. Le comte l’attendait sur la terrasse en priant la Vierge de Mostarajevo.

Une demi-heure après Titin revenait. Il avait tout perdu. Il était comme soulagé.

— Maintenant, c’est fini !… Tu prends le bateau demain et que je ne te revoie plus ! fit-il au comte.