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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/309

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— Tu pleures, lui dit-elle, parce que tu n’épouses pas le prince Hippothadée ! Moi j’ai pleuré parce que je l’épouse ! Mais ne crains rien, Caroline ! Je te le garde !… Je le hais autant que tu l’aimes, es-tu contente ?

— Alors pourquoi l’épouses-tu ?

— Demande-le à ton père. Il en sait là-dessus plus long que moi. Moi, je ne sais qu’une chose, c’est que je veux partir… partir et ne plus vous voir.

Caroline médita longtemps sur les paroles de sa cousine et y trouva une consolation passagère qui sécha momentanément ses larmes.

Le jour ne s’acheva point sans que toute la ville apprît que, décidément, le prince Hippothadée épousait Mlle Agagnosc. Tout ce qui avait été rompu était renoué. De la volonté même de Toinetta… Ce fut une stupéfaction générale, qui se changea bientôt en consternation.

Car la ville s’était reprise d’un gros intérêt pour Titin. Les démarches faites par le consul de Transalbanie pour étouffer le scandale provoqué par les excentricités financières du comte Vardar avaient suffisamment renseigné les intéressés pour qu’il fût bien établi que le Bastardon avait été moins son associé que sa victime. D’autre part, les bruits qui couraient sur la haute origine de l’« enfant de Carnevale » s’étaient, par le fait, trouvés à peu près confirmés.

Et, bien que Titin ne se montrât nulle part, on osait à nouveau prononcer son nom auquel on n’oubliait pas de mêler celui de Hardigras. Il avait toujours été l’image séduisante où ils