Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/337

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plicité qu’il lui eût offert un bouquet de violettes.

— Je n’en veux pas ! s’écria Thélise, étouffant d’admiration. Ah ! le voilà, le prince ! Il n’a pas un sou et il m’offre un collier de deux cent mille francs ! Ah ! le « povre » ! le « povre » !

Et elle tomba en larmes dans ses bras.

Il la soutint vaillamment et non moins vaillamment insista pour qu’elle acceptât le collier. Elle n’y consentit que lorsqu’il lui eut juré sur la Vierge de Mostarajevo que si elle ne l’acceptait pas, il ne la reverrait de sa vie. Mais c’est tout juste, si à la fin de cette scène, elle ne se roulait pas à ses pieds.

— Tu es trop bon, Hippothadée, sanglotait-elle. Comment ne veux-tu pas être « povre », mon « menon » ? Tu fais un mariage de « mionnaire » et, le lendemain des noces, tu n’as pas un sou en poche et tu trouves encore le moyen de m’offrit un collier de deux cents mille francs !

À ce moment, Mlle Supia rentra dans le salon. Elle avait certainement mouché son septième mouchoir.

— Caroline ! lui cria sa mère. Sais-tu ce que ton père a fait au prince ? Le prince avait emprunté de l’argent sur mon collier. Il lui a fait payer tout le collier. Le prince vient de me l’offrir et ton père traite le prince de voleur !

Caroline partagea immédiatement l’indignation de sa mère et le « boïa » fut maudit une fois de plus au sein de sa famille.

Épuisée par cette scène, Thélise déclara qu’elle se coucherait de bonne heure. On prépara la chambre du prince. On mangea dans