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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/346

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catastrophe sur le compte des ennemis de Titin en tête desquels venait le « boïa ».

Ils se ruèrent sur la voiture, jetèrent sur la route Castel et poussèrent l’énorme véhicule dans le brasier. Castel hurlait comme un fou des paroles que l’on ne comprenait pas… Tout à coup les deux parois du fond s’ouvrirent, défoncées, et l’on vit surgir de là une figure effrayante. Le diable n’est pas plus laid : « Le « boïa » !

Il sauta n’importe où pour échapper aux flammes.

Il tomba dans cent bras qui le rejetaient à l’enfer. Et il y serait retourné pour n’en plus sortir si quatre hercules ne l’avaient tiré de là à temps, le protégeant contre la folie populaire. C’étaient Aiguardente, Tantifla, Tony Bouta et Pistafun.

Pistafun, qui disposait non seulement d’une grande puissance de biceps mais d’une force vocale peu commune, parvint à dominer le tumulte :

— Avaï ! hurla-t-il. Cela ne fait besoin d’un brouillamini pareil ! Le « boïa » appartient au Bastardon ! Notre Titin saura faire sa besogne tout seul.

Il y eut bien quelques murmures, mais sans attendre l’avis de personne, les quatre compagnons, jouant des coudes, sortirent le « boïa » de la mêlée, plus mort que vif, et allèrent le reconduire jusqu’à la Patentaine où ils sonnèrent et frappèrent grands coups. Mais personne ne venait ouvrir. Alors le « boïa » se rappela qu’il avait ses clefs. Il ouvrit la grille, la referma en oubliant de remercier ces messieurs, passa le long de la loge derrière les car-