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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/363

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bonheur de vivre ! Et cette coupe céleste, nous l’empoisonnons ! Mes amis ! mes amis ! cela ne vous fait donc pas effroi ?

— Si ! si ! clamèrent cent voix.

Et déjà tout le monde avait la larme à l’œil. Ah ! il savait ce qu’il faisait, cet Arthus !

— Alors, ne nous querellons plus, dit-il. En vérité, pendant que nous nous disputons, ceux-là qui sont venus des pays de misère et auxquels bénévolement nous avons cédé un coin de notre soleil, en profiteront pour faire œuvre vilaine et sournoise de larrons, dévaster nos cours comme renards et loups, troubler les ménages, angoisser les cœurs honnêtes et nous perdre de renommée ! N’avons-nous pas honte ?

— Si ! si ! reprit le chœur des repentis.

— Il ne s’agit pas seulement de dire : « Si ! si ! » reprit Arthus en joignant les mains qu’il avait grassouillettes et belles à faire envie à un prélat romain, il faut encore confesser nos fautes ! faire mea culpa ! se frapper la poitrine et dire : « Nous ne le ferons plus ! » Ceux de la Torre confessent qu’ils ont fauté ! Le Bolacion s’en accuse ! Il fait amende honorable, mais nous ne sommes ni les uns ni les autres des petits Jésus ! Et il n’y aura point d’humiliation pour personne, si, de votre côté, vous venez nous dire : « Nous aussi nous vous demandons pardon : embrassons-nous ! »

Le Petou se dressa sur ses pattes courtes, ouvrit ses bras comme des ailerons et, ému plus que nous ne saurions dire, s’écria :

— Arthus ! embrassons-nous !

— Embrassons-nous ! embrassons-nous ! clamèrent cent voix. Et comme les deux maires