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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/369

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sition fût lue à l’audience, elle avait répondu : « Ma déposition devant le juge d’instruction est inexistante. J’ai dit que si je parlais, je parlerais en cour d’assises ! Eh bien, je parlerai !… » Cela promettait.

Le jour du procès, on s’écrasait dans le prétoire, derrière la cour, les avocats, au banc des témoins. Ces dames avaient fait grande toilette. Mme d’Azila se faisait remarquer par un chapeau extravagant, feutre à larges bords orné d’une plume jaune tout à fait antédiluvien et qui soulevait, du reste, les protestations des spectatrices placées derrière elle.

Le bon peuple de Nice et de la campagne, relégué dans l’espace réservé au « public debout » puis repoussé dans la salle des pas perdus et sur la place du Palais, n’était venu chercher là, ni des potins d’alcôve, ni le plaisir de voir souffrir une malheureuse, car on savait maintenant que Toinetta passait ses jours et ses nuits dans les larmes ; il était venu pour pleurer son Titin, tout simplement, et aussi pour savoir comment Pistafun se tirerait de là.

Soudain il y eut une bousculade, des cris étouffés… Aiguardente, Tony Bouta et Tantifla faisaient leur entrée, écrasant un peu chacun.

Pistafun, que l’on avait fait rasseoir une fois de plus, dès qu’il eut aperçu ses trois camarades, sembla prêt à bondir hors de son banc.

— Christou ! v’là ma quadrette ! on va pouvoir jouer au vitou !…

Les trois autres, qui dépassaient de la tête toute cette foule, paraissaient sérieux. Ils en-