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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/370

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voyèrent leur bonjour à Pistafun et lui donnèrent des conseils.

— Ne fais pas ta « malle » ! (ton ballot) dit Aiguardente. Nous sommes là, pour le reste !

— Fan d’un amuletta ! leur jeta Pistafun ! vous ne voulez tout de même pas que je pleure.

À ce moment, une rumeur se fit entendre au dehors : Toinetta arrivait.

Elle était pâle dans ses vêtements noirs et descendit de voiture devant le Palais, aidée par M. Papajeudi, sa femme et ses trois demoiselles. Eux aussi s’étaient mis en noir comme pour l’enterrement d’un parent. Le brave M. Papajeudi avait les yeux rouges. Ni sa femme ni ses filles ne comprenaient son émoi, et il n’avait pas jugé bon de s’expliquer, mais puisque Toinetta, qui avait toujours entretenu les meilleures relations avec cette excellente famille, avait fait savoir aux Papajeudi qu’elle ne voulait se rendre au Palais qu’en leur compagnie, ceux-ci s’en étaient trouvés fort honorés et s’étaient mis à l’unisson de cette grande douleur.

Enfin on annonça la Cour et les débats commencèrent. L’absence de Titin constatée, on procéda à l’interrogatoire de Pistafun qui, tout de suite, exagéra ses politesses à l’adresse du président. S’il ne lui dit point qu’il était enchanté de cette occasion de faire sa « connaissince », ce fut tout juste. Il y eut des rires mais le président les arrêta net en annonçant qu’il ferait évacuer la salle à la première manifestation. Puis il dit à l’accusé que tout le poids du procès retombait sur lui du fait de l’absence de Titin.

Ces paroles étaient de toute évidence desti-