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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/375

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bilier ou de liquidation de bijoux, aux fins de le condamner à mort.

Tant est que le prince, devant la cour, donna la sensation sinon de ménager son rival, tout au moins de négliger de l’accabler, ce qui était tout à fait grand genre. Enfin il ne parla de « la princesse de Transalbanie » que pour en faire les plus délicats éloges : « Jeune fille, elle a su par sa vertu en imposer à un fou dangereux ; femme, elle est la plus noble des épouses ! »

Et il se retira, accompagné d’un murmure des plus flatteurs. On entendit distinctement Mme la marquise douairière de Saint-Dalmas qui disait à Mme la comtesse d’Azila : « Il a été parfait ! »

Puis ce fut le tour des experts chargés d’établir l’identité indiscutable de Titin et de Hardigras, par le truchement de l’écriture, à quoi ils ne faillirent point.

Enfin, Mme la princesse de Transalbanie fut appelée à la barre. En la voyant s’avancer si faible et si menue, toute sa volonté tendue pour ne pas céder à la faiblesse d’un pauvre petit corps lamentable qui ne demandait qu’à défaillir, les cœurs les plus endurcis par la fréquentation quotidienne de la grande machine judiciaire se sentirent amollis. On crut qu’elle n’arriverait pas à la barre. D’un effort suprême, elle s’y accrocha. Le président fit signe à l’huissier de lui avancer une chaise. Elle la repoussa et un cri jaillit de ses lèvres :

— Il est innocent !

Et elle éclata en sanglots. Tout le monde pleurait.

Le président lui-même était profondément