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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/376

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ému. Il attendit quelques instants et, quand elle fut un peu calmée, il lui dit d’un ton très paternel :

— Voyons, madame ! D’abord, jurez de dire toute la vérité, rien que la vérité !

— Je vous le jure, monsieur le président, fit-elle d’une voix étouffée, je le jure : tout est de ma faute ! C’est moi, la criminelle !

— Voyons, madame, voyons, je vais vous interroger. Vous dites que Titin est innocent ?

— Oui, monsieur le président. S’il n’était pas innocent, je ne l’aurais pas aimé !

À cette parole d’une simplicité sublime, il y eut un frisson dans la salle.

— Et cependant, madame, lui répliqua le président, ce n’est pas lui que vous avez épousé !

— Monsieur le président, reprit la pauvre enfant que les larmes étouffaient, voilà où est mon crime ! c’est moi qui ai tué Titin !… Car il est mort, monsieur le président, sans quoi il serait là pour répondre à toutes ces infamies ! Titin est le garçon le meilleur, le plus noble que je connaisse. Nous nous aimions. Nous devions prendre patience. Et puis on m’a fait croire qu’il en aimait une autre. On m’a trompée abominablement et, comme une folle, je me suis jetée dans cet horrible mariage ! Alors, ça a été fini ! Je n’ai plus entendu parler de lui ! Il s’est tué, monsieur le président ! Mon Titin est mort ! et si je ne suis pas déjà morte, moi, c’est que j’ai voulu vivre pour venir vous dire que ce Hardigras qui a commis tous ces crimes, ce n’est pas lui, puisqu’il est mort !

Elle en revenait toujours à cela dans son