Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faisant couvrir de milliers de signatures une pétition demandant la grâce de Titin, il pourrait au moins lui sauver la tête, ce qui, après tout, était le principal pour le moment.

Odon Odonovitch, comte de Valdar, seigneur de Bistrita, Meteoras, Trikala, Triatika et autres lieux, s’était fait faire des cartes de visite dans le but de se faire ouvrir les portes de tous les personnages un peu influents de la capitale avant d’aller déposer lui-même les dites pétitions sur le bureau du président de la République.

C’est sur ces entrefaites qu’éclata cette fâcheuse affaire de l’évasion. M. Bezaudin et Odon Odonovitch la regrettèrent, puisqu’elle n’avait pas réussi.

Ils avaient raison de s’en montrer attristés car, quelques jours plus tard, on apprenait que le pourvoi de Titin avait été rejeté, que le président avait refusé de voir Odon Odonovitch, enfin que M. de Paris venait d’arriver en gare de Nice avec les bois de justice.

Du Trayas aux Roches-Rouges, des confins de l’Esterel à la haute vallée du Paillon, du golfe et du promontoire à la plaine et à la montagne, la sinistre nouvelle se répandit comme une onde frissonnante. Les tramways du littoral, les trains de banlieue, la gare du Sud déversaient sans arrêt des foules qui prenaient lentement le chemin de la place d’Armes, les voies qui conduisaient aux Novi, devant la porte desquelles devait avoir lieu l’exécution. Bientôt, elles étaient arrêtées, refoulées par un service d’ordre tout à fait extraordinaire, des troupes qu’on avait fait venir de Draguignan et de Toulon, des pelotons de