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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/413

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soir. Des autos où se montraient des képis de gendarmes sillonnèrent les routes, en trombe, surgissant du fond des vallées, descendant des cimes. Mais dès six heures du soir, Titin et sa petite bande étaient à l’abri de toute surprise, bien au delà de Saint-Martin-Vésubie, au fond d’un rocher où leur avait préparé à souper le padre Barnabé dit Laguerra, chasseur de chamois.

Après souper, quand Barnabé eut pansé avec des herbes macérées dont il avait toujours provision, la blessure profonde que la baïonnette de l’alpin avait faite quelques jours auparavant à Giaousé, on prit toutes dispositions pour se séparer. Et d’abord Titin se mit à genoux devant Giaousé :

— Je te demande pardon, Giaousé, lui dit-il, d’avoir douté de toi ! Tu m’as donné ton sang pour me sauver, tu m’aurais donné ta vie ! Tu es pour moi plus qu’un frère ! Je t’aime plus que moi-même ! J’ai eu de mauvaises pensées, me pardonnes-tu ?

Giaousé répondit :

— Je sais, Titin, que tu as eu de mauvaises pensées. Mais si tu ne les as plus, que Dieu soit loué ! Je n’ai plus rien à te dire.

— Et vous, mes amis, demanda encore Titin en se tournant du côté de la Tulipe et du Bolacion, me pardonnerez-vous aussi ?

— Nous te pardonnons, firent d’une même voix la Tulipe et le Bolacion.

— Alors, embrassons-nous !

Titin se releva et ils s’embrassèrent.

— Maintenant, où vas-tu aller ? demanda Giaousé.

— Ce n’est pas de craindre ! répondit Titin