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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/89

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toujours perdu ! » « Beaucoup de parents, beaucoup de tourments ! » « Le coût gâte le goût ! » Et il concluait toujours qu’il ne fallait point s’en faire parce que « Coura Dieu vous serra une fenestra, vou duerba una pouarta ! » (Quand Dieu vous ferme une fenêtre, il vous ouvre une porte ! )

M. Sébastien Morelli attendit prudemment que Titin eût fini au milieu d’un vacarme épouvantable et d’un enthousiasme délirant pour s’approcher de lui. Il avait bien attendu une heure, mais quand il s’approcha, les demoiselles étaient déjà accrochées après lui, car les violons se faisaient entendre et il allait ouvrir le bal.

La mère Bibi avait déjà retroussé sa jupe et montrait ses deux triques dans des bas blancs tout neufs. Il fit danser la vieille comme une jeunesse. Elle était fière des encouragements et des battements de mains qui l’excitaient au passage, mais elle était encore plus fière de son Titin auquel elle souriait comme en extase en lui montrant sa dernière dent…

Quand Titin eut déposé la mère Bibi sur un banc après l’avoir embrassée sur ses deux joues sèches, Sa Majesté réussit à le joindre.

— Monsieur Titin, lui dit-il en le prenant par le bras, M. Supia voudrait vous voir au plus tôt. Il faudrait venir tout de suite !

Puis, se penchant à son oreille :

— C’est de la part de Mlle Antoinette…

Au nom de Supia, Titin se préparait déjà à envoyer promener M. Morelli. Mais au nom d’Antoinette, il lui fit signe que c’était entendu, qu’il allait le suivre tout de suite. L’assemblée ne comprenait rien à ce qui se pas-