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Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/90

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sait et les violons attendaient. Quand on vit Titin remettre sa veste et se diriger vers la voûte qui conduisait à la ville basse où l’attendait M. Morelli, ce furent une stupeur et une consternation générales. Il partit sans donner aucune explication, pas même un salut à ce pauvre « petou » de maire, ni faire un geste d’amitié à la mère Bibi.

— Tout ça, pour le Supia !

— Eh ! bien sûr, il va revenir ! fit Anaïs, l’aînée d’Estève, le boulanger de la rue Montante.

— Non point, répliqua Nathalie. Il ne reviendra pas ! Ce n’est pas pour Supia qu’il se dérange, bien sûr ! C’est pour sa Toinette !

— Eh bien ! après ?… intervint Giaousé Babazouk… Il se dérange pour ce qu’il veut ! Titin n’a d’explication à donner à personne ! Ses affaires ne nous regardent pas !… Nous n’avons pas à nous occuper de « sa politique » peut-être !…

Et tout fut dit. Quand on avait parlé de la « politique de Titin », personne n’était assez malin, ni assez osé pour souffler mot. On se remit à danser, mais ça n’était plus ça !…

M. Morelli emmena immédiatement Titin chez M. Supia. Il ne lui avait rien dit, mais Titin était tellement heureux de revoir Toinette qu’il ne se demandait même point ce qu’elle pouvait lui vouloir. Quand, au lieu de se trouver en face d’Antoinette, il aperçut Supia, il commença de froncer les sourcils. Les deux hommes ne s’aimaient pas. À son retour de la guerre Titin était venu saluer Antoinette ; il avait bien fallu le recevoir, mais Mlle Lévadette était présente à l’entrevue et son attitude