Aller au contenu

Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas à elle qu’il ferait bon de venir dire que Titin est un cambrioleur, un voleur, un détrousseur de magasin, un homme de sac et de corde, un pourvoyeur de potence !…

— Un pourvoyeur de potence ? interrogea M. Supia en regardant Titin avec un effroi nullement joué…

— Eh ! n’a-t-on pas raconté que ce malfaiteur avait dressé dans ses caves une potence à laquelle il vous avait pendu, monsieur Supia !…

— C’est exact ! hélas ! soupira M. Supia. Il avait pendu là un mannequin qui, paraît-il, me ressemblait…

— Mais, s’il faut en croire Pistafun, Tantifla et compagnie, il y avait là un écriteau où on lisait : « En attendant l’autre ! »

— Ne trouvez-vous pas cela abominable ? râla M. Supia.

— Abominable !… il n’y a pas d’autre mot ! C’est ce que je disais hier encore à mon ami Babazou !… « On a beau ne pas aimer, M. Supia, ce n’est pas moi à qui l’idée viendrait jamais de lui préparer une potence avec le dessein avoué de l’y pendre !… »

— Vous ne m’aimez pas, monsieur Titin !

— Non, monsieur Supia, je ne vous aime pas ! Mais pour faire plaisir à Mlle Antoinette, je vous arrêterai votre Hardigras !

— Et quand cela ?…

— Cette nuit donc !…

— Vous êtes sûr de l’arrêter cette nuit ?

— Comme vous êtes là !…

— Vous êtes un homme extraordinaire, monsieur Titin !…