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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/117

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DE ROULETABILLE
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comtesse ! Tu aurais dû être enchanté ; au contraire… Songe donc, dans ta situation…

— D’autant plus que la comtesse était riche.

— Voyez-vous cela !

— Mais vraiment elle était trop petite… Tu ne peux pas t’imaginer ce qu’elle était petite… À l’église (car elle était catholique et a tenu à se marier en grande pompe), à l’église, elle ne pouvait pas me donner le bras ; je la tenais par la main ; on riait, Je ne te dirai pas ce que j’ai souffert… Ce géant et cette naine ! On se bousculait partout pour nous voir passer car elle me traînait partout, partout… dans les magasins, au théâtre, dans tous les endroits où je n’aurais pas voulu mettre le pied avec elle… Elle ne me lâchait pas d’un instant, car elle était fort jalouse… Ainsi chaque fois qu’elle me voyait prendre ma canne ou mon chapeau, elle me disait : « Je vais sortir avec vous, my love », et en effet elle sortait avec moi ! Je dus bientôt prendre la résolution de ne plus sortir que lorsqu’elle m’y forçait.

— Mais comment cette petite naine pouvait-elle forcer le géant que tu es à faire quelque chose qui te déplût ?

— Elle me battait.

— Elle est bien bonne !

— Ah ! tu ris… tu ris, Rouletabille ! Il y a si longtemps que je ne t’ai vu rire !… Cela me fait plaisir de te voir un peu gai… Rien que pour cela, vois-tu, je ne regretterai pas de t’avoir confié le grand secret