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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/12

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LES ÉTRANGES NOCES

bafoué et d’ami trahi jusqu’à la mort, car de cette trahison ils avaient failli tous mourir !…Comment ?.. Pourquoi ne lui avait-il pas dit : « J’ai vu !… Tais-toi !… J’ai vu !… je t’ai vu le sauver de tes mains, et si tu cours après lui c’est pour tomber dans ses bras ? » Oh ! d’abord simplement parce qu’elle ne lui en avait pas laissé le temps ; ensuite parce qu’il était vraiment curieux de voir jusqu’où pouvait aller Ivana dans le mensonge et dans le crime ! Et puis aussi, parce que, le cœur plein de rage, il rêvait à son tour d’une vengeance ou tout au moins de quelque juste châtiment !…

C’est que peut-être encore, au plus obscur de lui-même, commençaient à se poser les termes du problème psychologique le plus curieux qu’il eut jamais à démêler et aussi le plus mystérieux en même temps que le plus bizarre.

Enfin, s’il l’avait suivie dans cette course insensée vers le Sud, c’est qu’il se souvenait qu’il était correspondant de guerre et qu’il avait grand’hâte de trouver, maintenant qu’il était délivré, un bureau de poste avant de tomber sous la censure féroce des Bulgares ! Entre les deux armées, toujours !… ni dans l’une ni dans l’autre…, est-ce que telle n’était pas sa formule, celle qu’il avait toujours prônée à Vladimir et à La Candeur ?… Est-ce que, dès Sofia, tel n’avait pas été son plan ? Plan dangereux sans doute, mais qui ne l’en séduisait que davantage !… Aussi quand, dans cette fuite insensée de la Karakoulé, La Candeur, qui