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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/13

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DE ROULETABILLE
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avait par miracle retrouvé son mecklembourgeois, lui demandait derrière lui, secoué sur sa selle : « Où allons-nous ? » avait-il pu lui répondre : « Faire du reportage !… »

Ainsi ils n’avaient même pas attendu les troupes !… La félonie d’Ivana les traînait en trombe derrière elle…

Oui, félonie ! félonie !… C’est à cela que Rouletabille revenait sans cesse, bien que son esprit cherchât ailleurs… mais il était trop irrité pour ne plus retomber à cela : félonie ! Il ne voulait plus douter que l’amour dont il n’avait jamais encore jusqu’à ce jour mesuré la force, eût accompli l’abominable miracle de transformer une héroïne en une pauvre fille, capable de tout pour satisfaire sa folle passion.

Cette ignoble conversion avait dû se produire pendant ces moments d’absence que le reporter avait trouvés souvent inexplicables : Ivana les passait certainement auprès du prisonnier, dans le cachot du souterrain ! Que de fois ne s’était-il pas étonné de ne point la voir à son côté, au plus fort du combat ! et avec quelle singulière figure elle réapparaissait tout à coup, racontant qu’elle avait pris la garde pour laisser reposer le katerdjibaschi. Enfin, elle ne sortait pas de ce souterrain, sous un prétexte ou sous un autre !… Et Rouletabille, qui avait redouté que ce fût pour s’y livrer à quelque abominable torture, se reprochait de s’être laissé tromper comme un enfant !

Il se rappelait la phrase turque prononcée en der-