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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/121

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DE ROULETABILLE
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bureau, à relire les Trois Mousquetaires, suprême consolation, même en anglais. C’est là que je vis qu’Athos, qui avait eu, lui aussi, une terrible aventure d’amour, s’en était consolé en buvant plus qu’à sa soif ! Nous avions une cave bien garnie, je me suis mis à boire. Je fis comme Athos !… J’étais ivre les trois quarts du temps et c’est ce qui m’a sauvé !…

— Comment cela ?…

— Oh ! c’est très simple : un soir, j’étais tellement ivre que je me suis assis sur elle sans m’en apercevoir !…

— La pauvre petite !…

— Certes ! exprima La Candeur, sur un ton contrit, tu fais bien de la plaindre, Rouletabille, car le lendemain matin, quand je me réveillai, il n’en restait plus grand’chose. Je fis du reste, tout mon possible pour la rappeler à la vie, mais mes efforts restèrent vains et je m’empressai de repasser la Manche pour échapper aux justes lois. En remettant le pied sur le quai de Boulogne, je me jurai que jamais plus je ne traverserais le détroit, de ma vie, dussé-je vivre cent ans et dût-il faire plus chaud qu’aux tropiques ! Du reste, je ne m’attardai point sur cette plage que je trouvai trop près du foyer conjugal, je traversai toute la France, m’enfermai dans un coin perdu des Alpes, et revins enfin à Paris, n’ayant plus le sou et poussé par la faim et le besoin qui ne me quittait pas de faire de la littérature.