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LES ÉTRANGES NOCES

suite et tu la délivre le jour de ses noces ! Et le Teur est mort !… Eh bien ! elle devrait être dans la joie !… Elle devrait t’embrasser !… Puisque nous sommes sauvés, et puisque, grâce à toi, elle a pu, tout en échappant au Teur, rendre un grand service à son pays !… Elle devrait te couvrir de remerciements et de baisers !… Elle ne te regarde même pas et elle paraît plus défaite qu’une morte !… M’est avis que cette femme-là regrette son Teur et qu’elle ne te pardonne pas d’être venu déranger sa nuit de noces !…

Rouletabille obstinément se taisait, mais les mots de La Candeur lui tombaient comme du plomb fondu sur le crâne…

— Tu ne dis rien !… C’est que tu n’as pas une bonne raison à me renvoyer !… Lui as-tu seulement demandé pourquoi elle était triste comme ça ?

— Non ! fit Rouletabille sans oser regarder La Candeur.

— Si tu ne le lui a pas demandé, c’est que tu es de mon avis et que tu sais à quoi t’en tenir !… As-tu vu comme elle a couru après son Teur ? Elle voulait le tuer, qu’elle disait !… Quand on le lui a tué devant elle, son Teur, elle a failli se trouver mal !…

— Ah ! fit Rouletabille, tu t’en es aperçu !…

— Penses-tu !… Et Vladimir aussi s’en est aperçu !… Et il pense comme moi !… Tu te dessèches pour une petite femelle qui se moque de toi et qui ne vit plus depuis la mort de son Teur !

— Tu dis des bêtises, répliqua d’une voix sourde